Nadine Marcon

Éléments

Le travail de Nadine Marcon s’inscrit dans le courant de l’art textile. Entre  tapisserie contemporaine et  sculpture, elle mêle diverses techniques : tricot, crochet, tissage, travail en matière…

L’installation in situ, visible sous les Cornières, propose quatre variations sur le thème des éléments – Eau, Terre, Feu, Air. Quatre réalisations monumentales accompagnées de productions plus intimistes dans la salle de poterie.

Installation d’art textile

Chaque point tricoté, crocheté, cousu est la marque d’un instant. Chaque point est la matérialisation du temps qui passe et de la pensée qui s’écoule dans les mains et les matières. Chaque jour nous rapproche de la fin du système solaire et sûrement, bien avant, de la fin de notre civilisation.

Notre vie dépend de la nature, des quatre éléments principaux : la terre, le feu, l’eau et l’air. Nous les avons tous exploités, abimés. Le feu est peut-être le seul à garder son droit. Tout ce qui détruit rénove ; tout ce qui meurt revit, rien n’est éternel.

Quatre éléments symbolisés entourent quatre gros piliers des Cornières.

La Terre : Terre-Mère, terre féconde, terre planète, terre végétale qui nous porte et nous nourrit.

Le Feu : il ne fait pas seulement table rase de la vie. Il fertilise, il chauffe, éclaire, cuit, stérilise et apporte une nouvelle fécondité à la terre. Le soleil suffit à l’attiser, l’eau l’éteint.

L’Eau porteuse de vie, de cellules, nourrit la terre. Elle nous hydrate et entretient notre organisme. Le monde aquatique composé de végétaux, de minéraux, d’animaux est toujours un grand méconnu.

L’Air a besoin d’eau pour « respirer ». La chaleur évapore l’eau et nous la redistribue sous forme de pluie. Eau douce, eau salée, eau filtrée qui nous revient et s’évapore de nouveau. La même eau circule entre ciel et terre depuis le début des temps. Nous buvons la même eau que les premiers humains.

Ces quatre éléments du cercle de la vie et de la planète terre interagissent les uns avec les autres pour permettre une vie cellulaire, du microcosme au macrocosme.

De la naissance à la mort, la vie est une sphère. Tout est éphémère. « Tu es poussière et tu redeviendras poussière » dit le texte de l’ Écclésiaste. Durant toute notre existence, le cycle de la fécondité nous rappelle cela,. Nous venons au monde pour mourir. Nous observons, nous créons, nous réfléchissons pourtant « Vanité des vanités, tout est vanité ».

Que faisons-nous de notre vie ? Portons-nous assez d’attention à cette précieuse nature qui nous entoure ? Notre passage sur terre est très court. Chacun essaie de laisser sa trace, sa marque. C’est ainsi que nous déchiffrons l’histoire des civilisations.

Nous vivons aujourd’hui dans un monde désabusé, managé par quelques individus qui ne font aucun cas des populations ni de leur milieu de vie.

Que faisons-nous de ce temps qui passe ? Un masque nous aide-t-il à nous dissimuler ou à nous montrer ? À chacun son œil intérieur.

Quel que soit l’apparence, le décor, la couleur, quel que soit l’art ou la pensée, le temps toujours s’écoule point après point.

À chacun d’écouter, de voir, de sentir, de se nourrir, de s’arrêter tant qu’il le peut, tant que la vie le permet.

Nadine Marcon

Villeneuve-sur-Lot

27 juin 2017